De quels services avez-vous besoin ? (22 mars 2001)
INTRODUCTION :
Cette nouvelle réunion s'inscrit dans la continuité des rencontres
parents/professionnels organisées annuellement au sein de l'établissement.
Après un bref rappel des thèmes précédemment abordés
(cf. l'autonomie, les loisirs etc…), les professionnels ont souhaité
ré-interroger le service rendu à AD'APPRO, en confrontant les
représentations qu'ils en ont, à ce qu'en attendent les parents,
l'objectif étant de compléter éventuellement les actions
menées, et ceci dans le cadre des politiques sociales actuelles.
Les parents en se présentant, ont tenu à manifester leur satisfaction,
quant à la prise en charge plus ou moins récente de leur enfant,
chez qui des progrès ont été rapidement constatés.
Ils notent également une évolution positive dans les relations
parents/professionnels :
- accueil favorable de la rencontre : "ainsi on n'est pas tout seul à
porter le fardeau, surtout lorsque la famille n'est pas unie dans le contexte
du handicap".
- Nécessité de faire le point : les parents espèrent ne
pas retrouver leur enfant à l'arrivée comme au départ.
En ce sens, c'est important de faire le point régulièrement.
- La notion d'écoute et de collaboration : dans le passé, les
professionnels laissaient peu de place à l'échange et restaient
murés dans leurs connaissances ; "avec vous, on peut maintenant
œuvrer pour que nos enfants progressent le mieux possible".
- L'acceptation de la transparence de la part des professionnels apparaît
comme une "idée forte" et en ce sens, cette rencontre est significative.
LA QUESTION DES BESOINS : LE COURT ET LE LONG TERME :
A la question "de quels services avez-vous besoin ?", les sujets se
bousculent, tant le domaine est vaste :
1- Le Besoin
d'Information :
Les parents ont dû cheminer depuis la naissance de l'enfant et la découverte
du handicap jusqu'à l'âge adulte ; leur tâche n'est pas facile
lorsque les structures d'accueil, souvent en nombre insuffisant sont sans cesse
à rechercher. Les parents sont toujours en quête d'un endroit où
leur enfant peut être. Pour cela, ils auraient besoin d'un guide, d'une
sorte de vade-mecum pour faciliter leur démarche. Quant à l'information
intra muros, les parents attendent des professionnels un rapport de qualité
et de confiance.
A ce sujet, les professionnels tiennent à ce que ce soit l'usager lui-même
qui reste le vecteur d'informations qui le concernent au premier chef. C'est
en quelque sorte l'épreuve de la réalité dont il ne faut
pas le ménager. Néanmoins, précisera une mère, il
faut que les parents, qui se trouvent de l'autre côté du filet,
puissent faire écho à cette démarche d'autonomie. Bien
sûr, il existe différents espaces de risque de perte d'information,
selon que l'usager soit attendu sur le trottoir à la sortie ou qu'il
ait à parcourir un certain trajet jusqu'à son domicile. C'est
la raison pour laquelle, il existe toujours une information écrite.
2- Le besoin
de loisirs adaptés :
Les familles interrogent sur les structures de loisirs existantes. Souvent,
le jeune reste à la maison inoccupé, tandis que les frères
ou sœurs, plus autonomes, ont plein d'activités. Quels loisirs adaptés
peut-on leur proposer ?
L'ADAPEI dispose d'un service loisirs qui tend à regrouper les jeunes
selon les niveaux et les centres d'intérêt. On peut également
citer "Roulotte et Nature".
Notons cependant que le coût est souvent élevé. Parmi ces
structures "les Éclaireurs de France" offrent les coûts
les plus modérés. D'autres structures existent et restent à
répertorier.
Compte tenu de l'engouement apprécié lors du voyage aux Baléares, pourquoi ne pas de nouveau envisager : "un ailleurs ensemble" (démarche qui diffère de l'utilisation d'un organisme de loisirs) ?
3- La question
des déplacements :
protection/prévention : l'utilisation du bus peut être un moment
de risque; "le danger, c'est les autres qui vont profiter de cette différence.
Prend-on le soin d'informer les jeunes, existe t-il des conseils préventifs
?" La tâche des professionnels consiste à la fois à
encourager le jeune à se déplacer de façon autonome et
à le mettre en garde sur les précautions à prendre. Les
consignes qui sont données sont d'informer le chauffeur, d'avoir sur
lui de quoi téléphoner (portable, carte), un numéro de
téléphone à appeler (AD'APPRO, la famille). A noter donc
l'importance d'avoir de l'argent sur soi. Il faut également préciser
que la CGFTE dispose d'un important service de sécurité.
le ramassage : l'a-t-on déjà envisagé ? Le Conseil Général ne prévoit pas de financement pour le transport. Lorsque l'usager n'est pas suffisamment autonome, le taxi, à qui il peut faire appel, est financé par l'AAH (dont le jeune dispose dans sa quasi intégralité à AD'APPRO contrairement aux foyers occupationnels traditionnels où les résidents reversent 80 % de l'AAH à l'Aide Sociale). Cette absence de financement va dans le sens de notre projet d'établissement, toujours dans le souci d'autonomisation. Cependant, quelques jeunes n'accèderont jamais à l'autonomie de déplacement (bien que certains nous surprennent à les sous estimer). Certaines familles font le choix de recruter pour assurer l'accompagnement. Mais, la dépense reste onéreuse. A ce sujet, les parents sont invités à faire jouer la solidarité. Certains sont concernés par des trajets communs ; mais attention à la notion de responsabilité.
Une petite amélioration : nécessité d'aménager un abri préau pour l'attente du matin.
4- Les besoins
à domicile :
Pourquoi ne pas envisager un système de garde lorsque les parents sont
amenés à s'absenter ?
Certains craignent de laisser leur enfant seul à la maison, d'autres
l'ont déjà tenté ; les possibilités varient selon
le handicap mais il faut le risquer.
5- Le futur
à long terme :
L a question : "et après moi ?" : Elle se pose à tous
les parents au delà des questions à court terme : que se passera
t-il lors du vieillissement des personnes handicapées ? Il n'y a rien
de prévu et l'inquiétude est grande surtout lorsque les personnes
n'ont rien dans leur entourage familial.
La question d'une suite d'AD'APPRO : bien sûr, les parents espèrent
tous pour leur enfant, au mieux, un CAT qui correspond à un rapprochement
avec une certaine normalité.
Cependant, on pourrait penser à une structure qui s'inscrirait dans la
continuité d'AD'APPRO : matérialiser un terrain, y bâtir
quelque chose, mettre les personnes en contact avec des animaux par exemple,
les intégrer dans la nature pourrait être un accomplissement.
INTERROGATION SUR LE PROJET D'ADAPPRO ET LA PRISE EN CHARGE :
1- Sur la durée
limitée de la prise en charge à AD'APPRO :
Sur quoi se fonde ce concept de sas dans le temps ? : "Trois ans, c'est
à la fois long et court".
Travailler avec des échéances garantit une plus grande mobilisation.
En outre, le mouvement permanent entre ceux qui partent et ceux qui arrivent
crée une émulation. Bien sûr, cela demande d'être
continuellement sur le grill mais c'est le prix de la performance.
Le projet d'AD'APPRO s'articule autour de trois axes :
- l'âge : entre 20 et 30 ans. Les besoins sont différents. Certains
ont besoin de plus de temps au delà de 20 ans pour trouver leur voie.
- La durée : au départ, c'est théorique mais après
onze ans d'expérience et un accueil de plus de 125 adultes, il apparaît
pertinent de continuer. La limite dans le temps peut parfois provoquer une régression,
mais en général, ça apporte du dynamisme.
- Le contrat : il est indispensable de construire le projet individuel avec
le jeune. Il doit être sujet et non objet d'une prise en charge. Il existe
un rituel, lors du contrat d'aide écrit et signé même pour
les plus déficients.
2- L'incidence
de la RTT sur la prise en charge :
Le cadre de la loi sur la réduction du temps de travail impose 10 % de
réduction pour
6 % d'embauche, ce qui théoriquement accuse une perte de 4 % de moyens.
L'ensemble de l'équipe a renoncé aux congés trimestriels
absorbés par des jours de récupération RTT, avec le choix
d'une annualisation des congés plutôt qu'une réduction hebdomadaire.
Ce choix s'est effectué avec la garantie d'une embauche. Le remplacement
pour congé RTT porte uniquement sur l'équipe éducative.
Une nouvelle personne sera donc embauchée pour assurer les remplacements
et intervenir conjointement avec l'éducatrice spécialisée
(D. BOISARD) au niveau du nouveau service dont l'ouverture probable s'effectuera
en juillet : le SAVS (Service d'Accompagnement à la Vie Sociale).
Il ne s'agissait pas lors de l'application de la loi, de pénaliser les
usagers. Les nouvelles données se sont aménagées dans le
souci de l'amélioration de la qualité du service rendu.