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Quel contenu proposer aux jeunes adultes le week end et pendant les congés.(8 AVRIL 1999)

I- INTRODUCTION :

Cette rencontre réunit pour la troisième fois, les parents et les professionnels. Après une réflexion commune sur le thème de l’autonomie (30/10/1997), puis du devenir du jeune adulte (12/03/1998), la question de la gestion du temps libre et des loisirs s’est posée à partir d’un constat : en dehors de la prise en charge institutionnelle, les jeunes adultes montrent une certaine difficulté à donner un contenu à leurs soirées, leurs week ends ou leurs vacances. La plupart du temps, c’est l’ennui qui s’exprime. En l’absence de projet, la tendance naturelle va vers des solutions passives : musique, télévision etc...
L’objectif de cette rencontre est de repérer où en est le jeune par rapport à ces contenus, de se demander quels sont les facteurs qui favorisent ou empêchent d’autres expériences axées cette fois sur les loisirs.
Au regard des différents témoignages, deux facteurs apparaissent déterminants :
- la demande du jeune
- son niveau d’autonomie
Selon les cas de figures, ces deux facteurs se combinent de façons diverses et positionnent les jeunes dans des situations très différentes les unes des autres :
1- Le jeune peut exprimer sa demande et la satisfaire de façon autonome.
2- La demande ne s’exprime pas malgré une bonne autonomie du jeune.
3- La demande s’exprime et le jeune possède une autonomie toutefois insuffisante pour y répondre par lui-même.
4- La demande s’exprime mais l’autonomie est faible.
5- La demande n’est ni exprimée, ni repérée et l’autonomie est réduite.
L’attitude de la famille face à cette diversité de situations est tout aussi variable.


II- LA DEMANDE DU JEUNE ET SON NIVEAU D’AUTONOMIE :

1) Demandes exprimées et satisfaites de façon autonome (ex. Mathieu, Tony) :
Il s’agit de jeunes qui ne sont pas obligés de passer par un tiers pour vaquer à leurs occupations. Ils sont en général autonomes dans leurs déplacements et possèdent d’autres réseaux relationnels que ceux proposés par l’institution.
Un père témoigne : “il s’occupe, il est autonome, il a ses copains, il va au bowling, fait du vélo, du scooter etc...”
Un autre père constate : “il n’a qu’une hâte, c’est de prendre le bus pour aller rejoindre ses copains, s’il reste à la maison, il s’ennuie”.
Un père déplore même le refus systématique de son fils de partager des loisirs en famille : “je lui propose de faire du vélo, il refuse et quelque temps après, je le vois seul sur son vélo; en fait, il n’a pas envie d’en faire avec moi”.
Dans le cas d’autonomie, non seulement le jeune ne fait pas appel à un tiers mais réclame une certaine distance par rapport au milieu familial.

2) Pas de demandes exprimées malgré une bonne autonomie ( ex. Sébastien, Mickaël) :
Certains parents constatent que leur enfant a des capacités à faire, mais sont confrontés à une absence de motivation, cf. “il faut le pousser, le traîner, il ne sait pas faire quoi que ce soit tout seul”.
Malgré les capacités d’autonomie sociale, le jeune reste passif et a besoin d’être stimulé; il semble exister une sorte d’inhibition de la créativité, une absence de désir lié à la notion de plaisir; le jeune n’est pas mentalement autonome.

3) Demandes exprimées et semi autonomie (ex. Gaëlle, Clément) :
Pour d’autres parents, la situation est un peu différente. Le jeune est toujours prêt à partir, mais l’autonomie qu’il possède ne lui permet pas d’organiser seul, ses loisirs. Par contre, la personne est en mesure d’utiliser les équipements existants (organismes de loisirs) avec un encadrement souvent allégé. Autrement dit, l’autonomie est suffisante mais à l’intérieur d’un cadre adapté.
Une mère pourra dire à ce sujet : “ c’est dur de se séparer au départ; on craint qu’il n’y ait pas d’accompagnement suffisant et quand on franchit le pas, c’est bien pour tout le monde”.
Plusieurs usagers d’AD’APPRO utilisent des organismes proposant des activités de week end; parmi les plus cités:
- les services de l’ADAPEI ( sport adapté) sont axés sur des activités sportives (football, basket, natation etc...).
La même association propose les Art’Teliers basés sur l’expression (peinture, musique, théâtre etc....) et les activités culturelles. L’ADPEI Loisirs propose également des séjours de vacances (voyages, sorties, visites etc...) et des disciplines variées (bateau, cheval etc...).
- Plein Sud à Escassefort (Lot et Garonne) est également cité (Association AEIH).
- GALA (Association Gest 21) propose des sorties à la neige avec ou sans les parents, des spectacles etc...
Droit d’accès : être adhérent et participation financière.
- Copains Clopans : cet organisme propose deux sorties par an, avec un support d’activités physiques.
- A.S.A.B. (Association sportive Alouette-Bersol) : Association de parents bénévoles accueillant des jeunes de tous horizons dans le cadre du sport adapté. Quelques compétitions sportives à l’extérieur sont organisées : Football, basket, pétanques, piscine, judo, etc... L’association cherche également à favoriser des activités motrices pour les plus démunis.
D’autres organismes existent. Les parents s’engagent à réunir toutes les informations qu’ils possèdent (boîte aux lettres : Ad’Appro) afin de construire un répertoire à diffuser aux familles qui manquent souvent d’informations. Voir également avec le Conseil Général et les municipalités.

4) Demandes exprimées mais autonomie faible (ex. Sabine) :
A l’inverse, certains jeunes sont curieux de tout, montrent une certaine avidité à découvrir, sont prêts à s’ouvrir à tout ce qui s’offre à eux mais ne possèdent pas l’autonomie nécessaire ni pour évoluer librement dans leur environnement ni pour utiliser les organismes de loisirs malheureusement trop souvent difficiles d’accès, pour les personnes les plus démunies. A ce sujet un seul organisme de l’ADPEI de Fargues St Hilaire a été cité.
Dans ce cas, soit le jeune suit sa famille, ce qui ne correspond pas toujours à ses véritables besoins, les intérêts de la famille pouvant parfois être très éloignés des siens propres, ou bien, c’est la famille qui adapte ses loisirs à ceux de la fille ou du fils, dans une volonté de partage.

5) Pas de demandes exprimées et absence d’autonomie (ex. Dominique, Alexandre) :
Dans ce contexte, deux positions familiales peuvent se distinguer :
* La famille tente de rechercher des supports d’activités susceptibles de solliciter la personne, d’éveiller son intérêt. La famille en l’absence de demandes exprimées est confrontée à la difficile tâche de “décoder”, au prix de tâtonnement pas toujours fructueux, le sens d’un comportement dont la logique n’est pas toujours apparente.
C’est à partir de cette “lecture” difficile qu’elle tente de proposer des expériences, de trouver des solutions.
cf. “c’est difficile de le situer; il a la théorie mais il a des difficultés à la mettre en pratique”.
Cela se fait également au prix d’un accompagnement permanent, cf. “il semble avoir besoin d’un appui, il se laisse porter et il faut toujours faire avec lui, quand je le fais, ça marche, si je le laisse faire tout seul, plus rien !”.
Cet accompagnement sans lequel rien n’est signifiant pour la personne demande une disponibilité exigeante.
Néanmoins, cette position familiale part du principe que même s’il n’y a pas de demandes, le besoin existe et doivent exister également des situations stimulantes. La famille se sent alors concernée par cette recherche.

* Une autre position familiale consiste à faire ce même constat d’absence de demande mais associe l’absence de demande à une absence de besoin.
cf. “on l’amène avec nous, ou bien “il regarde la télé ou écoute sa musique”, ou encore “elle dessine, elle s’occupe”, ou bien encore “ça ne pose pas de problème, c’est un gros dormeur”.

III - NATURE DES ACTIVITES ET QUALITE DE L’ACCOMPAGNEMENT :

1) La nature des activités :
Là encore, les centres d’intérêt varient en fonction du degré d’autonomie. Les jeunes les plus démunis n’ont pas les mêmes motivations que ceux qui ont acquis une bonne autonomie sociale. Ces derniers s’inscrivent dans un environnement plus large d’où ils puisent leurs motivations.
Les centres d’intérêt des personnes plus démunies se limitent à leur environnement immédiat.
Si pour les uns, les activités socioculturelles et relationnelles ont la priorité, pour les autres, ce sont les activités motrices, sensorielles qui vont les solliciter (ex. la danse, le rythme, le cheval, le bateau).
Les voyages à l’étranger sont controversés : outre leurs coûts élevés, les jeunes ont-ils besoin d’aller si loin pour tirer profit de leurs vacances ? A quelles conditions peuvent-ils s’épanouir ?
De quoi profitent-ils ?
Il y a le plaisir immédiat (manger, écouter de la musique, danser etc...) et le plaisir différé (ex. accepter les contraintes d’un entraînement sportif pour le plaisir de gagner une compétition). Le plaisir immédiat ou différé est en lien avec le degré d’autonomie et d’efficience.

2) La qualité de l’accompagnement :
La plupart des parents se disent près à faire la démarche de proposer à leurs enfants des vacances hors famille, encore faut-il trouver la structure et l’activité adaptées ainsi que l’accompagnement adéquat.
Une mère donne l’exemple d’une demande qu’elle s’est vue refuser du fait du peu d’autonomie de sa fille, “ce n’était pas indiqué, elle se serait isolée”. Il a fallu alors trouver des solutions de remplacement, c’est à dire avec un accompagnement de plus grande proximité.
Les parents constatent que plus l’autonomie est réduite, plus l’accès aux différents organismes est difficile.
Outre la rareté de ces structures, l’équipement, nécessairement plus conséquent, fait grimper le coût et les parents n’ont pas toujours les moyens financiers.
Les parents s’interrogent également sur la fiabilité des structures et des accompagnateurs; ce secteur n’a pas été exempt d’abus et il est difficile de pouvoir faire la part des choses.
Au delà de ces considérations, confier son enfant à d’autres reste une démarche plus ou moins facile : la crainte de se tromper, la garantie de sécurité, la fiabilité, la difficulté de se séparer sont autant de marches à franchir avant de se décider.

Le débat se termine sur l’intervention d’une mère : “c’est une question de confiance ; il faut faire confiance sinon on ne fait plus rien”.