Le souci de l'avenir, la question de la séparation, de la prise de risque, une structure d'avenir, bilan à 2 ans d'Ad'appro. (1991)
Réunion parents/professionnels de mars 1991.
Cette réunion s’est
fixée pour objectif de favoriser la rencontre entre les parents et l’institution.
Elle marque la volonté d’ouvrir le dialogue entre parents et professionnels
dans un souci de collaboration.
Elle offre également un cadre où les parents peuvent se rencontrer,
mettre en commun leurs préoccupations, échanger leurs expériences
et élargir ainsi le champ d’action et de réflexion concernant
leur enfant, handicapé adulte, ses besoins et son devenir.
L’existence de la structure Ad’appro a été accueillie
favorablement par l’ensemble des parents. Elle répond à
un besoin spécifique de prise en charge de personnes adultes dont le
handicap ne permet pas une réelle intégration dans les structures
protégées déjà existantes.
Dans son aspect innovant, les parents sont sensibles à la qualité
de prise en charge que peut offrir « une petite structure ». Peu
favorables à l’anonymat des grandes collectivités, ils préfèrent
voir évoluer leurs enfants dans une structure de « type familial
», qui répond davantage à la nécessité, pour
ces jeunes en difficultés, de bénéficier d’un accompagnement
plus personnalisé.
De même, les activités qui leur sont proposées, à
leur rythme et selon leurs possibilités, paraissent plus adaptées
pour certains types de handicap, que celles axées sur la production et
la rentabilité 8 heures pas jour.
Le souci de l’avenir
L’inquiétude des parents porte davantage sur l’avenir. Dans
l’état actuel des choses, Ad’appro propose un projet de prise
en charge à court terme. Que sera la suite ? Par souci de réalisme,
certains parents ne s’autorisent pas à faire des projets à
long terme… et lorsqu’ils l’envisagent, la représentation
qu’ils ont du type de prise en charge qui correspondrait aux besoins de
leur enfant, ne trouverait d’écho que dans une structure qui n’existe
pas. En outre les parents se heurtent au manque d’information sur les
différentes structures d’accueil existantes, qu’il s’agisse
d’Etablissements Spécialisés (CAT,CATT, Lieu de Vie, Mas)
ou d’organismes de loisirs pour les vacances (colonies, voyages organisés,etc…).
La question de la séparation
Confier leur enfant à une institution spécialisée ou à
un organisme de loisirs, c’est, pour les parents, se confronter à
la séparation. C’est aussi permettre à leurs enfants de
vivre en dehors d’eux. C’est enfin pour les parents, l’occasion
d’avoir une vie en dehors de leurs enfants.
Quelque soit l’enfant, handicapé ou non, il arrive une période
où, devenu adulte, le jeune éprouve le besoin d’être
plus autonome, d’avoir une vie à lui, de faire ses propres expériences,
de se confronter à la réalité du quotidien, de construire
de nouvelles relations, de mesurer ses possibilités, de faire des projets.
Lorsque l’enfant présente un handicap, la question de la séparation
est plus difficile à envisager. Sur ce point les avis sont partagés
:
La question de la prise de risque
Favoriser les expériences, se séparer, c’est pour les parents
se confronter au risque d’exposer leur enfant à des dangers face
auxquels il ne serait pas en mesure de se protéger seul.
L’accent est mis sur la peur qu’il faut dépasser et le courage
dont il faut faire preuve pour apprendre à son enfant à se déplacer
seul en bus ou même à traverser une rue. Face au problème
du risque, les attitudes parentales sont variables. Certains auront le sentiment,
qu’en règle générale, les parents ont tendance à
sous estimer leurs enfants. D’autres éprouvent le besoin d’une
plus grande communication entre parents et éducateurs pour évaluer
les capacités de leur enfant et le risque qu’ils peuvent prendre
et faire prendre.
Dans l’ensemble, la perspective d’engager leur enfant en difficulté
dans des expériences nouvelles confronte les parents à une lourde
responsabilité. Même s’ils conçoivent que les échecs
de leur enfant contribuent à le former, ils redoutent l’erreur
grave et toute la culpabilité qu’elle engendre.
La plupart des parents s’interrogent sur la part de leur responsabilité
vis-à-vis du handicap de leur enfant. Certains éprouvent un sentiment
de culpabilité. Ce sentiment rend encore plus difficile le fait d’accepter
de nouveaux risques.
En fonction des parents, certains arrivent à dépasser cette situation
pour rendre leur enfant le plus autonome possible dans les limites de ces possibilités.
D’autres ont davantage besoin de sécurité pour leur enfant
et trouvent alors dans des attitudes de très grande protection un apaisement
à leur inquiétude.
Dans ce contexte, l’enfant généralement renforce ce lien
de dépendance qui se doit d’être rassurant. En réalité,
le changement de repère, de situation est souvent vécu comme une
très grande source d’inquiétude.
La vie plus autonome passe par l’expérience de séparations
successives (elles peuvent être vécues comme des « petites
morts »).
Accepter ne signifie pas renoncer à son évolution. Bien au contraire,
il s’agit de ne pas en rester aux limites que le handicap impose, mais
de les reculer le plus loin possible.
Vers une structure d’avenir
Tenter de définir une structure d’avenir, c’est essayer de
cerner les besoins et donc de proposer une forme de prise en charge qui y réponde
au mieux.
Evaluation d’Ad’appro Innovation après 2 ans de
fonctionnement à titre expérimental :
La structure actuelle représente la réalisation partielle
d’un projet plus large, proposant de nouvelles formes de prise en charge.
Mais pour pouvoir aller plus loin dans la réalisation de ces objectifs,
elle doit être soumise à une évaluation par le Conseil général.
Certains parents se sont proposés à la participation éventuelle
de cette première évaluation.