AUTONOMIES : Famille ou Institutions ?
Réunion parents du 5 décembre 1992
Introduction
La structure d’accueil
Ad’appro fonctionne depuis 3 ans, avec encore actuellement un statut expérimental.
Il est question d’évaluation dans le courant du mois prochain.
La DSG (anciennement DDASS) a été reçue pour préparer
cette évaluation, il y a une quinzaine de jours.
Depuis l’ouverture, plus de 100 dossiers ont été traités
et environ 50 jeunes ont été accueillis avec des départs
et de nouvelles arrivées.
C’est au terme de ces 3 ans, que parents et professionnels (réunis
pour la 2ème fois) se posent la question fondamentale de l’autonomie
et du devenir de certains jeunes plus en difficultés, arrivés
en fin de prise en charge, et pour lesquels une réorientation est envisagée.
Ad’appro était prêt à négocier une prise en
charge de 5 ans pour les jeunes relevant du groupe de maturation, mais cette
proposition n’a pas été retenue. Par souci de maintenir
ses engagements, Ad’appro pourrait éventuellement prolonger d’un
an l’accompagnement à titre exceptionnel, mais en aucun cas cette
démarche ne pourra être reconduite.
La réalité actuelle des structures existantes
La plupart des structures
adultes sont liées à la notion de travail. Mais pour ceux qui
n’y ont pas accès, rien n’est prévu. Selon certains
parents, il faut que la société se penche davantage sur le handicap
mental. « Nos handicapés ne sont pas acceptés ».
Le projet de « lieu de vie » élaboré par l’Association
est toujours d’actualité mais n’est encore à ce jour
qu’une fiction.
Si les structures de travail ne sont pas adaptées et que le lieu de vie
n’existe pas encore, quelles solutions ? Les parents ont des positions
divergentes.
- Prise en charge par la famille.
Certains parents sont soucieux
de répondre aux désirs de leur enfant : « je n’irai
jamais à l’encontre de mon garçon ». Si rester à
la maison n’est pas une solution, une occupation dans la journée
est nécessaire, mais pas question d’une prise en charge totalement
assurée par une institution. La fratrie est parfois citée comme
relais, lorsque les parents ne seront plus en mesure de poursuivre.
Envisager la vie de leur enfant en dehors d’eux, réactive chez
certains parents un sentiment de culpabilité : « j’aurais
l’impression de l’abandonner ».
Pour ceux là, la vie à la maison n’est pas synonyme d’oisiveté
: « il a sa vie à lui, il sort et je l’accompagne dans sa
vie à lui, c’est une question de disponibilité ».
Ici le handicap n’est pas vécu comme un problème particulier
: « dans n’importe quelle famille, il y a des problèmes,
le handicap en est un parmi d’autres ».
- Prise en charge par l’institution : la séparation
L’autre position parentale
consiste à encourager l’autonomie au prix de la séparation
d’avec la famille : « notre enfant doit vivre comme tout le monde
malgré le handicap », « il faut qu’on ait chacun notre
vie pour qu’il y ait une vie ensemble », « le grand plaisir
serait qu’il me dise : je n’ai plus besoin de toi ».
Les parents font alors référence à la vie ordinaire de
tout individu et comme les autres, arrive le moment où ayant atteint
l’âge adulte, il doit quitter la maison. Ils se montrent opposés
à confier le relais à la fratrie : « notre responsabilité
de parents est aussi de protéger la vie des frères et sœurs,
ce n’est pas leur rôle ». En ce sens, se préparer progressivement
à une vie autonome, c’est éviter le changement brutal qui
pourrait survenir à la suite d’un décès des parents
et de prévenir la double difficulté d’avoir à assumer
à la fois la mort et le changement de vie, ce qui serait catastrophique
pour la personne handicapée déjà fragilisée.
En outre, l’enfant handicapé n’est toujours pas en mesure
d’exprimer ses désirs et de repérer ses besoins ; on ne
peut donc préjuger de ce qui lui convient ; la seule solution est alors
d’essayer de faire cette expérience de séparation pour voir
-
La volonté du législateur
De plus en
plus, la volonté d’autonomie sociale apparaît au niveau administratif.
L’obligation de 330 jours de présence par an dans les structures
d’hébergement adulte marque la volonté d’offrir à
la personne handicapée, une vie indépendante du milieu familial.
On passe de la notion d’assistanat à la notion de droit : grâce
à son AAH, la personne handicapée fait usage de son droit en payant
une structure d’hébergement susceptible de répondre à
ses besoins. De plus en plus, on observe une régression de l’assistant
social pour reconnaître les droits des usagers (cf Conseil d’établissement)
et faire de la relation parents/enfants, une relation d’adulte à
adulte.
Différentes manières d’assumer le handicap ont été
évoquées :